Journal du conteur

Il se rend compte qu’il a des mains sur ses mains…

Il se rend compte qu’il a des mains sur ses mains, toutes les mains sur ses mains. Et qu’il ne peut lever la main, pointer du doigt, gifler, caresser, sans que toutes les mains du monde à sa suite ne se lèvent, pointent du doigt, giflent ou caressent. Devant l’intolérable poids, l’écrasante responsabilité, il s’arrête, interdit. Il s’immobilise, ne bouge même plus les yeux. Ne parle plus non plus, pour que ne s’élève pas le chœur de toutes les voix. Et n’est plus qu’attente ; et toutes les attentes du monde attendent dans son attente.

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