Journal du conteur

On lui tend la main…

On lui tend la main, tout au fond, pour le secourir, et il s’efforce de l’atteindre, il s’écorche contre la paroi de l’abîme, il grimpe de toutes ses forces, à mains nues, jusqu’à l’épuisement, tendu tout entier par l’espoir de saisir enfin cette main salvatrice. Mais à chaque fois qu’il s’en est approché suffisamment, à chaque fois qu’il est sur le point de la saisir, elle recule brusquement — légèrement, juste assez pour être insaisissable. Et elle reste là, tendue, toujours bien en vue. Alors il n’a plus qu’à poursuivre, au péril de sa vie, sa difficile ascension.

Les tentatives s’accumulent, innombrables. Ce n’est qu’une fois parvenu au niveau du sol, l’ascension terminée, qu’il peut enfin saisir la main secourable : précisément au moment où — levant les yeux il s’en rend compte — toute aide est devenue inutile.

72