Journal du conteur

Arrivé là, il dut aller prendre un visage…

Arrivé là, il dut aller prendre un visage : c’était la première chose à faire pour les étrangers.

La file d’attente était infinie. Il y prit place, et attendit patiemment. Il attendit des jours, des années. Vint enfin l’heure où, vieux, malade et près de mourir, il se trouva au guichet, devant le donneur de visage. Celui-ci tira la grille sans prendre garde à l’étranger, qui lui cria à travers elle, d’une voix affaiblie : « Et moi ? » L’employé leva les yeux un instant et, semblant l’apercevoir à travers d’infinies brumes, dit : « Tout le monde est déjà pourvu », puis s’en alla.

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