Du sable et encore du sable…
Du sable et encore du sable, des jours, des mois entiers de sable à perte de vue. De fugitives tempêtes qui vous bouchent les yeux, vous remplissent la bouche de sable que vous croquez pendant des jours ; les dunes qui se déplacent évidemment, que vous pouvez deviner passer devant vous, ondulant comme les rouleaux d’une mer déchaînée… Les pistes bouleversées, que pourtant quelque vieux chamelier retrouve et vous fait suivre en sinuant parmi les sables mouvants potentiellement fatals à chaque pas de côté. Ce n’est pas une vie. Le faire une fois, tu le voulais ; le répéter, tu comprends que tu t’y es imprudemment condamné… Comme tu étais bien, là haut sur la montagne, malgré le froid, le vent, la neige parfois, comme tu étais bien, à contempler des heures durant l’étendue jaune du désert que tu n’avais encore foulé. Le sable était encore pour toi la substance labile des rêves… Aujourd’hui c’est de la pierre, d’autant plus perverse que fine, qui s’infiltre partout, qui rougit tes aisselles, empoisse tes cheveux, dessèche ta peau, trouble ta respiration, raccourcit les fentes de tes yeux…
Comme, maintenant, tu donnerais cher pour qu’apparaisse à l’horizon la plage promise, l’étendue sans limite visible de l’océan, qui lave, qui soulage, allège…
Mais qu’en sera-t-il, au milieu de la tempête ?