Journal du conteur

Entre les bons et les méchants…

Entre les bons et les méchants, l’espace est infime. Un interstice tout au plus, l’arrête d’une frontière étroitement surveillée. C’est pourtant là que je me tiens, funambule maladroit, tantôt je tombe chez les uns, tantôt chez les autres. Et même si je n’étais pas maladroit, tous ceux qui me voient essaieraient toujours de me faire tomber de l’autre côté. Mais comme aucun des deux camps ne veut de moi, on me laisse toujours m’en aller, c’est-à-dire, puisqu’il n’y a pas de porte entre eux, remonter sur la frontière. Là, réjoui et rasséréné parfois jusqu’au bonheur par l’horizon lointain et mon avancée timide, je reste aussi longtemps que je peux tenir en équilibre, échapper à leurs guetteurs et résister à leurs poussées.

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