Journal du conteur

Il n’est pas ferme et assuré…

Il n’est pas ferme et assuré comme un conquérant du quotidien, chaque rencontre le déroute, chaque avis le trouble, il prend au sérieux tous les conseils qu’on lui donne, et toutes les possibilités l’attirent, même les mauvaises, et sachant cela on pourrait croire qu’il erre continuellement ballotté par les influences contradictoires et les obstacles qui le détournent, or même s’il a tendance à épouser ce point de vue il doit bien reconnaître qu’il n’en est rien et qu’au contraire, malgré l’adversité intérieure et extérieure, malgré les sinuosités, les détours, les longs arrêts, les demi-tours, il fraye son chemin avec une constance qu’il ne s’explique pas lui-même. Comme s’il ne faisait que semblant de prêter l’œil et l’oreille à tous les vents, sans toutefois cesser de foncer ; mais ce n’est pas le cas non plus car non seulement il a l’impression d’aller très lentement, mais surtout, dès que le moindre souffle l’atteint, il faut qu’il le suive, de peur de rater le chemin. En quelque sorte tous les vents, même opposés, quelle que soit leur direction le ramènent toujours dans celle qu’il aurait suivie par calme plat. Chanceux que tu es ! Suivre le vent, c’est le chemin, suivre ton idée, c’est encore le chemin.

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