Je m’enfonce, je quête avidement le fond du trou…
Je m’enfonce, je quête avidement le fond du trou, et au fond du trou il faudra encore que je creuse, pour m’y enfoncer. Difficile de s’enterrer soi-même, méticuleusement. Comment se recouvrir de la terre dont on a dû débarrasser le trou dans lequel on s’est glissé ? C’est pourtant ce qu’il faudrait, s’ensevelir, et regarder le fond du trou par en dessous. Ne rien voir, évidemment, il y ferait parfaitement noir. Rester là, dans le fond du trou, étouffer lentement.
Attendre que quelqu’un vienne me déterrer. Il faudrait que ce soit moi, encore moi, je creuserais avidement, et tout à coup j’atteindrais la poche souterraine où je me serais attendu, par l’orifice subit je me verrais, de mes yeux contrits vers le ciel, douloureusement déshabitués de la lumière, je me verrais — et je ne pourrais pas me retenir de m’entailler ce crâne, ce petit crâne jaune misérable, d’un grand coup de pelle. Je ne pourrais pas m’en empêcher, frapper de toutes mes forces (combien faibles), défigurer ce visage insignifiant. Alors je descendrais à mon tour dans le fond du trou, j’enlacerais ce corps enduit de bouillie cervicale, et côte à côte avec ma chimère j’attendrais, les yeux levés vers le jour, le prochain, celui qui ne tarderait pas à venir, à son tour, m’enfoncer le tranchant de sa pelle dans la tête.