Journal du conteur

La nuit les toits deviennent transparents…

La nuit les toits deviennent transparents et les hommes se retrouvent au désert, sous les étoiles, à dormir les uns contre les autres pour se tenir chaud, veillés par quelques-uns d’entre nous, insomniaques, piteux solitaires condamnés à regarder envieusement dans la pénombre la silhouette des bienheureux dormeurs esquissée par la clarté astrale, à écouter leur souffle régulier, à siffler pour faire cesser les ronflements qui réveillent le camp, incapables de trouver le sommeil avant l’aube, quand le soleil à l’horizon réveille peu à peu les hommes en commençant par ceux des bords, et que chacun regagne son lit, en froisse les draps, secoue ses cheveux en disant que le marchand de sable y est un allé un peu fort, fait semblant de bâiller, s’habille en renâclant mais déjeune de bon appétit, puis va jouer à se presser d’aller travailler, mimer la crainte du retard et du patron, se fatiguer toute la journée à fabriquer de vraies gouttes de sueur sans motif en attendant le retour et le soir, la nuit venue, le sommeil et les brèves mais chaleureuses, fraternelles retrouvailles.

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