Journal du conteur

Le plus grand, l’ultime, le plus inexorable des murs…

Le plus grand, l’ultime, le plus inexorable des murs : le mur de la vérité. Arrivés là, les hommes sont bloqués pour toujours, impossible de le traverser, de l’escalader, de le détruire, il n’y a ni envers ni derrière. Les hommes s’installeront là, forcés — mais dos au mur : entièrement tournés vers le passé. Le souvenir des erreurs sera cultivé avec nostalgie, et leur logique fautive étudiée avec ferveur. À tour de rôle, par petits groupes des hommes repartiront par où sont arrivés leurs pères, pour aller regarder les animaux, mélancoliquement. Jusqu’à ce que surgisse et peu à peu se répande parmi les hommes — mais il n’y avait pourtant plus rien à découvrir — l’idée salvatrice que la vérité est infinie. On se retourne alors vers le mur, auquel on avait seulement jeté un coup d’œil résigné, et on s’attache, pour le reste des temps, à explorer, avec la paume, sa surface.

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