Journal du conteur

Notre chef est cruel…

Notre chef est cruel comme il sied à un chef de l’être. Il crie, il nous bat. Nous l’aimons beaucoup, tous, comme un père ; il nous le rend bien, nous qu’il appelle et qu’il traite comme ses fils. Il émane de lui une telle autorité qu’on ne peut soutenir son regard. La vue de son visage, même endormi ou les yeux fermés, est à peine soutenable. Fixer son torse même est pénible. En tant que ses fils, nous pourvoyons à tous ses besoins, accourons à tous ses appels, répondons à toutes ses requêtes. De la sorte, nous sommes bien occupés. Grâce à nous, il ne manque de rien. Il le mérite : il a tellement de pouvoir.

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