Journal du conteur

Six émotions primaires…

Six émotions primaires : joie, colère, peur, tristesse, dégoût, surprise, mais comme tout animal tu n’as que deux mouvements primitifs pour les exprimer : avancer, t’ouvrir, te déployer, ou reculer, te fermer, te recroqueviller. Tu vas d’avant en arrière, poussé, tiré ou figé alternativement par celle des six émotions primaires qui s’adapte aux circonstances : poussé vers l’avant et le déploiement par la joie ou la colère incarnées, tiré en arrière, en toi par la peur, la tristesse, le dégoût ; seule la surprise te fige un instant. Même dans tes rêves ce va-et-vient ne s’arrête pas, épuisant, aliénant. Avancer dans la lumière, reculer dans l’ombre, t’ouvrir et te fermer comme un coquillage, déployer ta curiosité, déployer tes membres et tes sens, mais rentrer en toi au moindre danger potentiel… Souvent tu voudrais que cessent ces constants allers-retours, mais tu sais que c’est presque impossible. Et d’ailleurs si c’était le cas, tu serais immobilisé, tu ne pourrais plus aller nulle part, n’ayant plus rien pour te pousser, te tirer. Tu dois plutôt apprendre à diriger les six émotions, pouvoir t’en servir comme moteur, comme véhicule, et pour cela, les tenir en laisse, le plus serrées possible. Mais à bien y regarder, on ne sait plus s’il s’agit d’une laisse ou d’un fouet : tu le secoues et envoies de violentes vibrations pour dompter les six émotions sauvages, et les faire avancer, reculer ou s’arrêter à ton gré, qu’elles te mènent où ta volonté, tes désirs t’appellent.

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