Un homme s’approche d’une statue…
Un homme s’approche d’une statue, épaules basses et pas lent, il a l’air fatigué, accablé de tristesse et de soucis. La statue, au bord d’un large chemin désert, représente une femme, qui tient dans ses bras un nourrisson. L’homme la voit sans la regarder, il la connaît bien, habitué à passer devant. Mais cette fois il s’arrête. Sans lever ses yeux déjà humides, il s’agenouille devant la statue de bois sombre et rongé. Mais ce n’est pas encore assez : il doit se pencher jusqu’à poser ses mains sur le sol, ses mains jointes, et son front dessus. Alors, alors seulement, quelques larmes peuvent s’épancher, et peut-être un sanglot retentir, un seul sanglot ravalé, ou le cri d’un oiseau, difficile à dire. Les yeux et la gorge secs, l’homme peut rester un moment ainsi, peu à peu soulagé, puis réconforté. Il peut enfin lever la tête, et, par réflexe, les yeux. Il constate alors, ébahi, effrayé, qu’à la place de la tête de femme se tient, grossièrement sculpté et dessiné mais reconnaissable sans le moindre doute, un globe de bois, un globe terrestre.