Arrivé en haut de la colline…
Arrivé en haut de la colline, j’admirai le paysage qui s’étendait en contrebas dans la vallée. Des bois, des champs ; quelques cheminées fumantes, quelques pâturages ; des potagers multicolores et des toits sombres. En descendant, je vis que le chemin longeait un verger. Plus je m’en approchais, plus j’avais envie d’un fruit. Arrivé contre la clôture, à la vision d’une pomme que le soleil faisait briller, je me trouvai forcé de déglutir, ma bouche emplie de salive ! Me reprochant, mais avec une indulgence amusée, une telle gourmandise, comme je l’aurais reprochée à un chien bavant ou un enfant suppliant pour un biscuit, je continuai ma route. Mais quand j’aperçus une pomme tombée roulée jusqu’à la clôture, je n’hésitai pas à passer ma main entre les barbelés rouillés. Elle était bonne, acidulée comme je les aime ; pourtant je la savourai moins que la satisfaction du désir que j’en avais eu ; et encore moins que la chance qui me l’avait offerte ; et moins encore que l’absence du plus petit effort de ma part pour l’obtenir.
La pomme avalée, et le verger derrière moi, je traversai la vallée. Au bas de la suivante des quelques collines que je devais encore franchir, j’admirai ses flancs boisés par étage, et les hautes frondaisons agitées par les premières rafales d’un vent qui me fit presser le pas. C’est dans mes pensées, la nuit dans le dos, réchauffé par ma vitesse et grisé par la dopamine, que j’atteignis la prochaine étape.