Journal du conteur

Un nabot court à côté d’un homme…

Un nabot court à côté d’un homme grand, beau, immobile, au regard vide. L’homme est sur un tapis roulant, à côté duquel le nabot s’époumone : « C’est ma vie, c’est ma vie, laissez-moi rentrer ! » Trop tard, criant il a trébuché et le temps qu’il se relève et se remette à courir de la pitoyable vitesse de pointe des moignons qui lui servent de jambes, sa vie — ou qui que ce soit — est déjà loin, inaccessiblement loin. Seuls des cris poursuivent encore l’homme. Qu’il les entende ou non, il ne se retourne pas.

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