Journal du conteur

Ils rampent à la file…

Ils rampent à la file, chacun tenant dans ses mains les chevilles du suivant. Leurs yeux semblent clos ; il n’y aurait d’ailleurs rien à voir, à travers la pénombre on n’aperçoit pas les parois de la grotte. Ils ne parlent pas, ou trop bas pour qu’on les entende. Il n’y a sûrement rien à dire. Ils tirent, ils se tirent sur le chemin, toujours le même, qu’ils occupent tout entier de leur nombre. Chenille circulaire, ils avancent sans répit ni fin.

De temps en temps, à intervalles irréguliers ou d’une régularité indiscernable, sans qu’on en comprenne la cause ni le but, unanimes ils s’arrêtent, et se retournent. Chacun d’entre eux desserre ses mains des chevilles qu’il tient, fait demi-tour, agrippe les chevilles de celui qui le suivait ; et la file, la chenille reprend son lent mouvement onduleux.

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