Journal du conteur

Attaché à lui-même…

Attaché à lui-même comme une chèvre à son piquet, il voit bien le lien et pourtant s’y entortille constamment, si bien qu’il ne jouit même pas de toute sa faible longueur. Plus il tire dessus, plus il serre les nœuds et les rend difficiles à défaire. Son rayon se rétrécit à mesure qu’il l’explore et se tend pour l’agrandir. Il y connaît tout, il a tout brouté.

Quand il est sur le point de s’étouffer dans sa corde réduite à presque rien, il se calme, sèche ses larmes, s’assoit, devient patient et s’applique à démêler sa corde. C’est son petit moment de bonheur oublieux. Puis il se rattache, déplace son piquet de quelques centaines de pas, et recommence à brouter son rayon.

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