Journal du conteur

Dans son rêve, l’araignée enflait…

Dans son rêve, l’araignée enflait, elle se nourrissait de son cerveau à lui, et grossissait à mesure qu’il diminuait. Jusqu’à finir par l’avoir entièrement sucé, par occuper le crâne lisse tout entière. Il se réveilla en sursaut. Elle était là, taille accoutumée, immobile sur le drap blanc. Ravalant des sanglots, ses yeux brouillés de larmes douloureuses, peur et soulagement, espoir et dégoût mêlés, il lui parla plus tendrement que jamais, la poussa délicatement vers sa tête, lui murmurant « rentre, rentre » comme il aurait supplié un enfant. Il la prit finalement, avec une infinie délicatesse, dans la paume de sa main, et la porta à sa bouche ouverte. Les yeux fermés, réprimant un haut-le-cœur, il la glissa dans le creux humide. Il sentit les pattes infimes sur sa langue, de plus en plus loin, et haut. Quand il eut cessé de la sentir, enfin, il ferma la bouche, rouvrit les yeux, serra les dents tellement fort qu’elles en grincèrent. Mâchoire contractée, il se rendormit rapidement.

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