Journal du conteur

Enfant, l’homme est souple et mou…

Enfant, l’homme est souple et mou comme sa peluche. On peut le tordre, le plier, l’étirer en tous sens. À mesure qu’il grandit, l’homme se durcit. Il devient fort et résistant d’abord. Mais il continue de durcir, et bientôt il est entravé dans ses mouvements ; plus de douceur en eux, rudesse, brusquerie. Il a de plus en plus de mal à bouger les yeux, à tendre l’oreille, à articuler, à caresser. Il peut encore frapper, mais comme un pantin, et il ne fait plus peur. Il finit par être rigide, complètement paralysé. Les enfants jouent avec lui, et ne tardent pas à le briser. Ils découvrent alors que les vieux sont durs, secs et creux comme un cercueil.

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