Journal du conteur

Ma racine intérieure s’étend…

Ma racine intérieure s’étend ; elle pousse toujours plus loin dans mon corps ses ramifications toujours plus grosses et dures. Peu à peu, elle me remplit, jusqu’aux pieds, jusqu’au bout des doigts. Et ce n’est pas assez : elle pousse encore. Je résiste, je me tends. Mais elle a pour elle constance et longévité. Nécessairement je finis par céder. Risibles griffes, des radicelles me poussent au bout des doigts ; risibles épines, sur tout mon corps. Elles s’allongent, s’élargissent, se renforcent ; elles se recourbent, m’entourent. Elles me tiennent, comme des serpents, elles serrent de plus en plus fort et font plusieurs fois le tour de mon corps. Je finis par être absorbé complètement, je disparais dans ma racine intérieure. Et je sens qu’elle s’étend encore : lente vrille, elle cherche elle aussi la terre où s’enfoncer.

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