Journal du conteur

Il se réveilla…

Il se réveilla. Avec reconnaissance, il aperçut comme tous les jours le regard convergent sur lui des yeux innombrables qui, il le savait — il le fallait —, ne l’avaient pas quitté toute la nuit durant. Pourtant l’inquiétude le saisit lorsqu’il constata que sur plusieurs de ces yeux la paupière s’était refermée.

Il se leva, s’affaira… Au moment de sortir, il ne put plus l’ignorer : le nombre d’yeux désormais fermés croissait vite.

Le processus ne cessa pas de la journée, s’accélérant au contraire… Le soir, de nouveau couché dans son lit, il pouvait compter les derniers yeux demeurés ouverts. À minuit, l’un des deux derniers regards fixés sur lui s’éteignit et la terreur s’empara de l’homme. Il faisait nuit noire, rien n’était plus visible ; sa peur ne luisait pas dans l’ombre ; il transpirait.

Le dernier œil se ferma et l’homme disparut.

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