Journal du conteur

Je n’ose pas entrer…

Je n’ose pas entrer. Je suis devant la porte, le poing levé, prêt à frapper contre le bois, à attendre l’entrebâillement de la porte et la question sûrement bienveillante d’un propriétaire. Mais je n’ose pas frapper. Je me sens ridicule immobile le poing levé tout contre la porte, j’imagine de longs regards soupçonneux dans mon dos. Alors je redescends les quelques marches du perron et je commence d’aller et venir dans la rue, sur le trottoir d’en face, en attendant me dis-je d’avoir le courage d’entrer.

Bientôt je m’assois sur le muret d’enceinte du parc et je remarque ce que j’aurais dû voir dès mon arrivée : le panneau « Entrez sans frapper ». Je tressaille et me désespère, mais je ne me lève pas. Le crépuscule me surprend à cette même place ; la nuit tombe et je m’en vais.

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