Journal du conteur

L’araignée

Il s’éveilla brusquement mais sans sursauter, son seul mouvement fut d’ouvrir les yeux, il ne pouvait pas bouger car ç’aurait été risquer de toucher une des araignées noires et de toutes tailles qui recouvraient, immobiles, tous les murs, le sol et le plafond de la chambre, chaque centimètre carré des meubles, du bureau, du lit, de son oreiller jusqu’à ses joues, et peut-être même ses cheveux étalés. Paralysé par la terreur, il demeura immobile dans son lit — il n’avait jamais aussi peu cillé —, scrutant l’obscurité de la chambre jusqu’à ce que la clarté de l’aurore, par les défauts des volets, lui permette de se convaincre que les araignées — sans qu’il en ait rien vu, sans qu’il ait même deviné le mouvement d’une seule patte — avaient toutes disparues.

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