Journal du conteur

La grosse pierre au milieu du chemin…

La grosse pierre au milieu du chemin, il pourrait la contourner ; mais pour cela il faudrait descendre dans le ravin… Il hésite, sur le bord du chemin, il lui semble que les broussailles qui couvrent ces pentes l’empêcheraient pour toujours de remonter. Il devrait continuer à descendre, là où, il le voit bien en contrebas, la forêt deviendrait de plus en plus épaisse et de plus en plus sombre autour de lui et en lui. Il s’y perdrait. La végétation gagnerait le chemin… La grosse pierre, l’homme ne peut que la pousser. Il avance, elle masque le chemin jusqu’à l’horizon. Et quand il est arrivé au bout du chemin, quand il pourrait faire demi-tour et repartir, allégé de la pierre et du devoir accompli, il ne se résout pas à la laisser là : il l’entoure de sa corde, et la tire, non seulement jusqu’à l’endroit où il l’a trouvée, mais jusque chez lui ; il la rapporte à sa famille. De son cheminement, il ne ramène rien d’autre.

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