La pente
L’homme qui veut grandir n’a qu’une seule voie : il doit remonter sa pente. Quand il est encore jeune, ce n’est pas difficile, la pente est douce. Mais à mesure que le temps passe, et que croît l’exigence, la pente se fait de plus en plus aiguë. Pour continuer de la remonter, il doit redoubler d’efforts ; et malgré tout, il va moins bien, moins vite, et se fatigue plus qu’avant. Il continue à s’épuiser ainsi jusqu’au jour où la pente cesse d’être une pente, et, droite, lisse, s’avère un mur, infranchissable.
Que s’est-il passé ? Qu’a-t-il fait de mal ? Est-il responsable de cela ? Il voudrait pouvoir s’adosser au mur, s’abîmer dans la méditation de ces questions. Mais il n’en a — peut-être heureusement — pas le loisir, car l’effort continue : maintenant, c’est pour ne pas glisser, pour ne pas dévaler toute sa pente, qui s’étend à ses pieds jusqu’à l’origine, qu’il doit s’efforcer.