Journal du conteur

Le dieu règle sa vitesse…

Le dieu règle sa vitesse de manière que l’homme, qui le poursuit, ne cesse jamais d’être sur le point de l’attraper sans toutefois le pouvoir. L’homme marche aussi vite qu’il le peut, et le dieu est constamment presque à portée de sa main. Jusqu’au moment où l’homme s’effondre, incapable de se relever, agonisant. Alors le dieu s’arrête, se retourne, accomplit les quelques pas qui le séparent de l’homme, se penche sur lui, le regarde avec la plus grande franchise et la plus impassible sérénité. L’homme, dont la vue est trouble, dans un dernier souffle tend la main vers la figure divine. Le dieu prend cette main dans la sienne. À cet instant l’homme expire. Le dieu soupire et s’en va.

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