Journal du conteur

Nous sommes tous les deux sur une étroite corniche…

Nous sommes tous les deux sur une étroite corniche rocheuse. Le risque est très grand de tomber. Et de fait, tu glisses et tombes. Tu hurles une seconde, puis c’est le silence. Je n’ai pas bougé. Je suis sur le point de défaillir, mais je ne peux pas esquisser le moindre geste sans risquer de tomber à mon tour, je ne peux même pas regarder vers le bas, chercher ton corps des yeux. Tu es sûrement morte, mais je ne peux pas m’en assurer. Le pourrais-je, que je ne le voudrais peut-être pas, mais c’est une autre histoire. Il est maintenant trop tard pour que le choc me pousse à sauter pour te suivre et mourir avec toi. Je devrais le faire sciemment, et je n’en ai pas la force. Mais je n’ai pas non plus la force de bouger.

La suite m’est inimaginable, et je me réveille en sursaut.

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