Journal du conteur

Nulle part

Il faut partir quand même, comme tous les matins. On se débarbouille, on déjeune, on démonte, range, on lève le camp et reprend la marche. On gravit une colline, au sommet de laquelle on se retourne et contemple le soleil levé qui vient juste de dépasser le sommet de la colline de la veille et qui révèle la splendeur de cette vallée où on a passé la nuit. D’ici, on distingue le plan des très anciennes ruines, qui nous avait échappé hier soir ; l’agencement des blocs écroulés, couverts de mousse et presque enterrés pour certains, évoque des formes : ce matin c’est un dragon, un majestueux dragon de pierre couché sur le flanc, à peine mort, naseaux éteints, gueule ouverte au dernier souffle.

On ne s’attarde pas, il faut avancer, d’autres collines sont à franchir, comme tous les jours de toute la vie.

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