Journal du conteur

Reconstitution et dégustation d’un repas préhistorique au musée

Dans la salle où la foule des curieux est rassemblée, on jette soudainement un gnou. Un beau gnou mâle adulte, habitué aux chevauchées par les plaines de tout un continent. Interloqués, l’animal et la foule s’observent, immobiles. Puis les premiers hommes, les dominants, commencent à s’approcher doucement. On tente une manœuvre d’encerclement malgré les tables et les chaises. Le gnou, effrayé, se met à crier et son cri tient en respect quelques instants la foule. Mais elle recommence bientôt son avancée inexorable. Le gnou rue, ses pattes tremblent. Tout à coup il se met à courir. Il renverse des hommes, piétine des enfants, se cogne aux murs, s’écorche aux coins des tables. Tout le monde hurle, qui de rage, qui d’effroi. On lui jette des chaises, on le frappe au passage avec ce qui tombe sous la main. La bête finit par trébucher. On se jette sur elle, on l’étouffe, la piétine à son tour. Trois hommes l’étranglent de toute leur force.

La lutte est finie, le gnou gît, mort, à même le sol. Et la reconstitution continue : maintenant, sans couteau ni flamme, rien qu’avec les ongles et les dents, il faut le manger.

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