Journal du conteur

Si je dis « mes mains »…

Si je dis « mes mains », je les sépare de moi. Mes mains ne restent au bout de mes bras que tant que je les utilise innommées. Dès que je les mentionne, elles tombent. De même, je peux les voir, mais, sous peine d’être manchot, non pas les regarder.

Mentionnées, regardées, mes mains restent posées dans l’herbe, inertes. Je veux les ravoir — mais pour cela je dois justement ne pas y penser. Si je les oublie, elles seront à leur place et en fonction la prochaine fois que j’aurai besoin d’elles.

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